Atelier de lecture autour de La société automatique

Atelier de lecture contributive autour de La Société automatique t. 1 L’avenir du travail de Bernard Stiegler.

Rythme : de octobre 2021 à juillet 2022, une séance par mois, de 18h à 20h.

Lieu : en ligne (lien de connexion envoyé aux inscrits avant chaque séance).

Dates des séances : jeudi 28 octobre 2021, jeudi 25 novembre 2021, jeudi 16 décembre 2021, jeudi 20 janvier 2022, jeudi 24 février 2022, jeudi 24 mars 2022, jeudi 21 avril 2022, jeudi 19 mai 2022.

Contacts et inscriptions : organoesis@protonmail.com (envoyer un message pour s’inscrire).

Compte-rendus des séances : les compte-rendus des séances sont disponibles ici.

Présentation de l’atelier

Dans ses derniers travaux de l’été 2020, Bernard Stiegler formulait la proposition d’une refondation de l’économie basée sur une refondation de l’informatique théorique. Laissé en suspens, ce double projet semble néanmoins s’annoncer dans le premier tome La Société automatique t. 1 L’avenir du travail.

A travers les propositions d’ « économie contributive » et de « web herméneutique », qui sont formulées pour la première fois ensemble dans ce livre, il s’agit bien en effet d’envisager un nouveau fonctionnement des technologies numériques et un nouveau modèle économique, pour faire face aux dangers de l’économie des données et de la « gouvernementalité algorithmique ». Dès lors, la relecture de ce texte semble fondamentale pour saisir les enjeux des derniers travaux de Bernard Stiegler, et pour tenter, si possible, de les poursuivre collectivement après lui.

Une telle lecture, néanmoins, ne va pas sans poser quelques difficultés : les propositions économiques et technologiques qui voient ici le jour se fondent en effet sur des réflexions très fondamentales, qui supposent de remettre la notion d’entropie au cœur du débat, non plus seulement scientifique, mais aussi philosophique et politique. C’est d’abord en tant qu’il participe à un processus d’augmentation massif d’entropie (à la fois sur les plans environnementaux, biologiques et psyco-sociaux) que le modèle techno-économique actuel doit être dépassé, et c’est dans une perspective « néguanthropologique » que l’informatique et l’économie doivent être refondées.

Une mise au clair des derniers projets technologiques et économico-politiques de Bernard Stiegler suppose donc une élucidation des questions de l’entropie et de la néguanthropologie, qui, bien qu’elles travaillent déjà les trois tomes de La technique et le temps, sont pour la première fois thématisées comme telles dans La société automatique, venant ainsi compléter le projet d’« organologie générale ». Il s’agit alors d’envisager la co-évolution des organismes psycho-somatiques, des organes techniques et des organisations sociales du point de vue de ses effets entropiques et (neg)anthropologiques.

Outre ces enjeux théoriques décisifs, cet ouvrage soulève de grandes problématiques au cœur du débat contemporain : les questions du travail, des savoirs, de la richesse et de la valeur ; les questions de l’automatisation, des données et des algorithmes ; les questions de l’Anthropocène et de la catastrophe écologique.

Qu’est-ce que le travail et pourquoi doit-il être valorisé alors que de plus en plus de tâches peuvent être automatisées ? Les savoirs peuvent-ils se réduire à un ensemble de formalismes implémentés dans des machines ? En quoi le fonctionnement des dispositifs algorithmiques menace-t-il la constitution de désirs et de rêves singuliers ? Quelle place les calculs intensifs et les prédictions automatiques peuvent-ils laisser à la délibération collective et à l’expression des singularités ? Comment repenser les rapports entre l’espace public et le marché, à l’époque du numérique et de l’économie des données ? En quoi ces questions nous obligent-elles à repenser l’organisation politique des sociétés ? Que peut signifier « sortir » de l’Anthropocène une fois la « mort thermique de l’univers » assumée ?

La discussion autour de ces problématiques, qui concernent tous les « non-inhumains » du XXIème siècle, devraient permettre à chacun et chacune d’élaborer et de partager des réflexions singulières, concernant leurs usages des technologies numériques, leurs expériences du temps et du travail, et plus généralement, leurs existences et leurs « facultés de rêver », dans des sociétés de plus en plus automatisées.

Programme

Octobre 2021 – Introduction « Entropie et néguentropie dans l’Anthropocène »

Novembre 2021 – Chapitre 1 « Industries des traces et foules conventionnelles automatisées »

Décembre 2022 – Chapitre 2 « Etats de choc, états de fait, états de droit »

Janvier 2022 – Chapitre 3 « La destruction de la faculté de rêver »

Février 2022 – Chapitre 4 « Pris de vitesse : la génération automatique des protentions »

Mars 2022 – Chapitre 5 « Dans le Léviathan électronique en fait et en droit »

Avril 2022 – Chapitre 6 « A propos du temps disponible pour la génération qui vient »

Mai 2022 – Chapitre 7 « Energies et puissance au XXIème siècle »

Juillet 2022 – Chapitre 8 « Par-dessus le marché »

Déroulement des séances

Les rencontres (en ligne) constituent des lieux de discussion collective autour du chapitre concerné, qui aura été lu en amont par les participants et participantes (et éventuellement annoté à travers un dispositif d’annotation contributive).

Le chapitre sera brièvement présenté en début de séance, par un binôme différent à chaque fois, qui résumera les enjeux et soulèvera les points problématiques générant difficultés, incompréhensions ou surpréhensions.

Cette présentation sera suivie d’une discussion collective autour du chapitre, à laquelle tous les participants et toutes les participantes pourront contribuer et qui aura pour but :

. d’expliciter les points qui font difficulté, qui surprennent ou qui résistent à la compréhension (en quoi ce qui a été lu pose-t-il problème ?) ;

. faire les liens entre la lecture du chapitre et les pratiques ou expériences des participants et participantes (en quoi ce qui a été lu résonne-t-il avec leurs activités, leurs projets, leur travail, leurs vies quotidiennes ?).

Les séances pourront se dérouler de la manière suivante :

. 15 minutes de présentation du chapitre par un binôme

. 1 heure de discussion autour des incompréhensions / surpréhensions de chacun et chacune

. 1 heure de discussion autour des liens entre la lecture et les expériences vécues de chacun et chacune

Le groupe pourra être divisé en sous-groupes si nécessaire, pour favoriser la discussion.

Le binôme responsable de la séance effectuera un compte-rendu écrit de la séance.

Cette méthode constitue un point de départ et sera amenée à évoluer au fur et à mesure, en fonction des besoins et désirs des participants et participantes.

Ressources

Entretiens de Bernard Stiegler au sujet de la société automatique :

B. Stiegler, “La société automatique”, INRIA, 2014.

B. Stiegler, “Automatismes et désautomatisations”, Agora des savoirs, 2015.

B. Stiegler, entretien sur La société automatique, 2015.

Recensions du livre :

Revue philosophique de la France et de l’étranger, par J.-H. Barthélémy

Revue Etudes Digitales, par A. Alombert

Les compte-rendus des séances sont disponibles sur cette page.