Bokitempus

Bokidiawe, une ville intelligente

Aliou Bayla Kane

 

 

I. CONTEXTE DE L’INITIATIVE

L’émergence de la Société de l’Information en Afrique est en train d’induire à une prise de conscience citoyenne sans cesse grandissante des populations et devra obliger dorénavant les acteurs de la gouvernance locale à reconsidérer leur management dans une perspective participative et transparente.

Ce besoin d’information et de partage d’idées dans la gestion des affaire de la cité est devenue une nécessité pour une durabilité de la cohésion sociale en ce sens qu’elle permet aux populations d’être au cœur des processus d’identifications, d’élaborations et de la mise en place des projets.

Cette culture de dialogue et de concertation est fondamentale pour la promotion d’une vision plurielle et transformationnelle mais malheureusement dans beaucoup de localités africaines cet idéal nécessite des ruptures profondes dans la narration du récit social qui est souvent parsemé de stéréotypes qui ne facilitent pas un pacte social fondé sur la dignité et l’égalité des membres de la cité.

Pour saisir la portée et l’importance de ces dynamiques collectives dans le paradigme de la gouvernance locale et les obstacles dont elles font face dans les zones économiquement économiquement défavorisées en Afrique nous avons jugé nécessaire d’entreprendre une réflexion collective sur la situation d’une petite ville africaine appelée BOKIDIAWE se trouvant en terre sénégalaise.

Cette entreprise intellectuelle et entrepreneuriale sur Bokidiawe a pour nom BOKITEMPUS.

BOKITEMPUS s’est forgé à partir de la synchronisation de deux mots de langues différentes :

. BOKI > baobab en pulaar

. TEMPUS > temps en latin

BOKITEMPUS peut s’interpréter littéralement comme le Baobab du temps ou métaphoriquement comme le mouvement d’un Baobab qui transcende les temps pour intégrer l’avenir dans un perpétuel devenir.

En effet la conceptualisation de Bokitempus ne peut se faire qu’en convoquant l’histoire de la localité Bokidiawe qui lui-même par son nom est dépositaire d’un récit mythique à travers le symbolisme du Baobab.

Ce nom a été collé à cette localité selon la tradition orale par des passants qui en traversant le village remarquaient que les femmes accrochaient leurs bracelets sur les branches d’un grand Baobab pendant qu’elles s’activaient à accomplir une des taches de l’industrie agricole traditionnelle en Afrique : le pilage.

Ce travail manuel est interprété intellectuellement dans la pensée négro-africaine comme une sorte d’initiation à la maitrise de la technique rythmique des chants en chœur et des subtilités dans le maniement de la vitesse des coups de pilon.

Géographiquement Bokidiawe est coincé entre les deux sèves nourricières de la région de la vallée du fleuve que sont le Dieri et le walo et de par cette centralité Bokidiawe est devenu avant même l’accession du Sénégal à la souveraineté international un vrai carrefour économique où des pasteurs et vendeurs se réunissaient pour étaler leurs marchandises le plus souvent composés de cultures vivrières ou de bétails.

En 1969 du fait de sa belle position dans la cartographie naturelle du Sénégal, le village sera choisi comme territoire test dans la mise en œuvre des premières politiques de décentralisation du pays. Son avantage géographique fait écho avec la symphonie de sa diversité ethnique et culturelle dont les groupements ethniques pulaar Sarakolé sont les deux composants majoritaires.

C’est en partant de la restauration de ce récit mythique que Bokitempus compte s’appuyer pour ouvrir avec les populations de Bokidiawe de nouvelles dynamiques sur l’imaginaire du Baobab dans ses représentations singulières et collectives.

De cette approche systémique, on peut déduire à priori que le concept Bokitempus dans son essence même est appelé à connaitre une polyphonie conceptuelle dans les interprétations du fait de cette affirmation forte de vouloir s’inscrire inlassablement dans une connectivité de suggestions et de points de vue différents et même divergents tout en dessinant la voie d’une pensée du juste milieu dans l’analyse et la transformation de la situation politique économique sociale environnementale et culturelle de la localité de Bokidiawe.

La charte graphique de Bokitempus qui fait figure de logo en synchronisant le Baobab avec la montre à la place des bracelets symbolise une volonté de rupture et continuité dans la construction d’un nouveau paradigme d’une vision portée vers la promotion d’une société civile dans la localité de Bokidiawe.

 

II. AMBITIONS

Bokitempus est conçu pour être une initiative dont la singularité sera surtout de capter toutes les énergies positives autour de l’essentiel pour faire advenir un éveil de conscience et de confiance collectif sur Bokidiawé.

Bokitempus est appelé à être l’instrument qui va permettre d’établir des processus ouverts de production et d’appropriation de connaissances sur Bokidiawe.

Ce qui constitue un des leviers de changement vers le retour à un désir d’avenir et l’envie d’arriver à un projet commun.

Les transformations institutionnelles et organisationnelles que nous devons doter la localité de Bokidiawe vont certes prendre du temps mais quel que soit le temps mis, il y a deux impératifs auxquels Bokitempus ne pourrait échapper à savoir : créer un cadre favorable pour le développement humain et susciter une mobilisation durable autour d’un projet collectif.

Pour tendre vers ce futur diffèrent de notre trajectoire actuelle nous devons faire de ce laboratoire d’idées et d’expérimentation un vrai creuset de connaissances et de compétences dont la quintessence sera surtout la mise en place d’un système de collégialité dans un esprit de durabilité, et comprendre que le chantier majeur c’est surtout d’outiller les populations de la localité de balises intellectuelles et d’indicateurs scientifique pour les permettre d’oser penser, d’oser parler, d’oser agir par eux-mêmes.

Parler pour redonner confiance à leur localité qui est fragilisée par une absence de gouvernance.

Penser pour proposer les voies d’une vraie architecture économique et sociale, et agir pour peser sur les décisions qui engagent le présent et l’avenir de la localité.

Bokitempus se veut donc un espace de partage et d’échange c’est-à-dire un think tank d’où va jaillir des propositions alternatives pour créer un canevas qui va faire de Bokidiawe une ville intelligente c’est-à-dire une ville qui est en phase avec l’air du temps.

Etre en phase avec l’air du temps pour une localité dans la perspective de Bokitempus c’est d’abord se doter d’une organisation qui met l’accent sur un renforcement de capacité perpétuel des membres à travers le culte d’un leadership collectif.

Le leadership dont il est question de proposer pour la localité de Bokidiawe est transformationnel car il passera par des alternatives procédurale et décisionnelle permanentes dans la conceptualisation et la mise en œuvre des projets de développements qui doivent toujours partir d’une approche collégiale participative entrepreneuriale pour dégager les fondements d’une société basée sur l’amour de l’effort collectif et de la persévérance vers l’excellence.

 

III. METHODOLOGIE

Production de connaissances

Réaliser des analyses contextualisées de problèmes complexes appliqués à une question liée au territoire.

Construire un dispositif d’observation et de veille sociale

Conduire des études ou des recherches

Conception et conduite d’actions

Conduire des analyses prospectives

Développer une ingénierie de projets ou de programmes

Piloter des démarches évaluatives.

Communication et ressources humaines

Evaluer et mobiliser les ressources nécessaires pour conduire le projet, pour susciter l’engouement et maintenir une dynamique progressive

Promouvoir des processus formatifs pour développer les compétences individuelles et collectives

Coordonner, animer et réguler des collectifs de travail

Assurer la communication et l’information pour l’efficience des actions et la diffusion des connaissances.

 

IV. OBJECTIFS

Objectifs généraux :

– Acquérir une connaissance du territoire, de ses acteurs, ses réalités et ses enjeux ;

– Faire connaître le projet et mobiliser les acteurs et partenaires potentiels liés.

– Identifier des projets existants et des personnalités susceptibles de devenir des partenaires

Objectifs spécifiques :

Développer un savoir endogène, dans l’objectif de faire de Bokidiawe un « territoire apprenant » et un territoire de référence où les habitants ne sont pas seulement consommateurs mais prescripteurs de services économiques et d’idées novatrices.

-Mise en place d’un comité de pilootage permanent qui aura pour mission, en relation avec les citoyens, d’instruire et accompagner ces transformations, pour ainsi développer systématiquement des ressources de capacitation pour les bénéficiaires des projets ciblés.