Peanser une exosomatisation « néguanthropique »

Séminaire de recherche autour de Bifurquer

Séminaire co-organisé par Anne Alombert et Michal Krzykawski de novembre 2020 à septembre 2021, dans le cadre de l’Université Catholique de Lille et l’Université de Silésie à Katowice.

Ce séminaire propose une lecture de l’ouvrage Bifurquer, coécrit par Bernard Stiegler et le collectif Internation. Il a pour but de rendre accessibles et de mettre en débat les thèses qui sont avancées dans ce livre, en faisant retour sur les différents références théoriques qui y sont mobilisés. L’objectif de ce séminaire est aussi de nourrir les expériences de terrain qui se développent en s’inspirant des propositions explorées dans Bifurquer.

Couverture du livre "Bifurquer"

Présentation du séminaire

En 1945, dans un article intitulé « The law of evolution as a maximal principle », le biologiste Alfred Lotka mettait au jour l’ambivalence du processus d’exosomatisation caractéristique des sociétés humaines. En effet, contrairement aux organes endosomatiques (naturels ou biologiques), les organes exosomatiques (artificiels ou techniques), qui sont nécessaires à la préservation de l’espèce, peuvent aussi devenir les facteurs de son auto-destruction s’ils ne sont pas « ajustés » à des finalités collectivement projetées. Selon Lotka, un tel ajustement ne peut pas provenir uniquement des connaissances et des sciences : il nécessite l’élaboration d’une « sagesse », à travers laquelle les groupes humains élaborent des critères de sélection de leurs productions exosomatiques, afin que celles-ci ne se révèlent pas toxiques, mais se développent en vue du « bien de l’espèce ».

C’est cette ambivalence des organes exosomatiques que Bernard Stiegler souligne depuis les années 1990, en décrivant (à la suite de Platon et de Derrida) la technique comme un pharmakon, à la fois remède et poison : des outils et machines jusqu’aux smartphones, en passant par les télécommunications et les ordinateurs, les artefacts sont les conditions de possibilité de la vie psychique et collective mais ils peuvent aussi toujours devenir ses conditions d’impossibilité. C’est pourquoi les évolutions techniques doivent être « encastrées » dans un ensemble de savoirs (faire, vivre, penser) qui leur donnent une orientation et des finalités : soumis aux seules exigences du calcul et du marché, le développement industriel risque de se révéler destructeur pour les sociétés.

Le but de ce séminaire est d’interroger le rapport entre exosomatisation et savoirs (du point de vue de la philosophie, de la biologie, de la psychologie, du design, de l’éthique, de l’économie, de la politique, de l’économie politique, etc.), afin de penser les conditions d’une exosomatisation « néguanthropique », à l’époque des technologies numériques.

Programme du séminaire :

https://lillethics.com/wp-content/uploads/2020/11/S%C3%A9minaire-annuel-ETH2020-2021-Bifurquer.pdf

Séances du séminaire :

Liens vers les enregistrements des séances.

Contacts : anne.alombert@protonmail.com et michal.krzykawski@us.edu.pl